Eustache Le Sueur. Présentation de la vierge au Temple.
1640-5 l'Eremitage.
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LE FŒTUS ET LE COIT
De même que la principale fonction
du prépuce est l’autosexualité, de même, si la nature a pourvu la femme de deux
organes sexuels : l'un interne, orienté vers la reproduction, l'autre externe,
destiné au pur plaisir, c'est justement pour autoriser ce dernier pendant la
période où le coït risque d'être néfaste pour le fœtus. Celui-ci ne doit pas
être père-turbé, troublé dans son sommeil. Rien ne garantit que le coït ne soit
pas susceptible de le terroriser et de le traumatiser. Être réveillé chez soi
par une intrusion pouvant être ressentie comme plus ou moins heurtante et
violente, être bousculé, inquiété par des halètements et des cris, avoir à
s'interroger sans succès sur ce qui se passe, peut être désagréable et mal vécu
par certains, une minorité souhaitons-le, mais dont le traumatisme va ruiner
toute l'existence.
C'est
ainsi que l'extravagant hara-kiri japonais transformait l'échec guerrier des
prétendus braves (curieuse bravoure que d'imposer à son entourage l'exhibition
d'un aussi atroce spectacle) en un hommage au souvenir des coïts parentaux ;
dans le dernier acte de sa vie, le samouraï s'identifie à sa génitrice en
simulant une pénétration violente par le père dans son propre ventre, réalisant
un fantasme d'Oedipe inversé. Le syndrome de Koro semble également à relier à
un traumatisme de la période prénatale. Notons que la coupure du frein de la
langue des enfants réalise une menace beaucoup plus terrible que celle de la
circoncision puisque portant sur la tête.
Fétus, ne pas déranger !
Le traumatisme provoqué chez l'enfant en bas âge par la
vision du coït parental (cf. Freud, L'homme-Loup) est une des grandes
découvertes, maintenant couramment admise, de la psychanalyse. Ce traumatisme
explique nombre de maladies psychiques ou psychosomatiques. Il semble cependant
qu'il y ait beaucoup plus de telles maladies que de très jeunes enfants ayant
eu l'occasion d'assister à une scène d'amour. L'hypothèse la plus vraisemblable
est que la ou les scènes d'amour traumatisantes n'ont pas été vues mais perçues
à l'âge fœtal. Freud explique la constipation de l'Homme-Loup (son principal
symptôme psychosomatique) par le plaisir éprouvé lors de lavements vécus dans
un phantasme de seconde naissance. Mais les spasmes provoquant cette constipation
ne trouvent-ils pas une meilleure explication dans le besoin de faire obstacle
à une sodomisation phantasmatique redoutée par l'enfant ? Cette interprétation
jette une lueur crue sur le fantasme de l'Homme-Loup lors du premier
rendez-vous avec Freud :
"…
il va me prendre par derrière et me chier sur la tête."
Cela d'autant plus que
l'association faite par le patient avec le conte du grand-père semble expliquer
le rêve par l'intrusion du père dans la matrice. Rappelons que ce conte narre
l'histoire d'un tailleur dans sa boutique. Un loup y saute par la fenêtre. Le
tailleur lui coupe la queue et le loup s'enfuit. Il semble que le conte du
petit chaperon rouge pourrait aussi éclairer le rêve.
Comme le paranoïaque, le fœtus prend pour lui tout ce qui
se passe autour de lui. Le début de l'épisode paranoïaque de l'Homme-Loup au
moment même où il se voit exclu de la maison de Freud qui était devenue pour
lui un abri quasi-familial, prend tout son sens ; non seulement le substitut du
père le perturbe en l'envoyant à un médecin qui l'opère maladroitement du nez
(pénis) – ce qui réalise dramatiquement la prédiction de blessure de la
domestique – mais encore il lui barre symboliquement le chemin de la mère. La
petite goutte fait déborder le vase.
La psychanalyse a déjà révélé avec certitude (cf.
Françoise Dolto) que l'enfant subit les répercussions des accidents subis par
la mère enceinte. Après la deuxième guerre mondiale, le corps médical a levé la
traditionnelle interdiction du coït pendant la grossesse. La multiplication des
maladies psychosomatiques, notamment l'autisme et l'asthme, nous paraît être
une conséquence directe de cette "libéralisation" ; le pourcentage de
la population susceptible de devenir allergique est passé de 10% en 1950 à 30%
en 1990.
Car
nombre de maladies psychosomatiques tirent leurs traits des agressions subies
par le fœtus. L'épilepsie est la plus évidente puisqu'elle mime l'orgasme
jusqu'à l'introduction de la langue dans la trachée. Les allergies sont
devenues monnaie courante. Halpern[1] cite un cas de choc anaphylactique
au sperme, la sensibilisation ayant été provoquée dans l'utérus par contact
avec le sperme du père. L'asthme mime la respiration haletante des amants. Les
démangeaisons de l'eczéma reproduisent les frottements de l'acte sexuel.
L'autisme semble s'insurger contre "l'égoïsme" inconscient des
perturbateurs du sommeil fœtal et les comportements automutilateurs des
autistes peuvent être une répétition de ce qu'ils ont souffert dans la matrice,
ou à sa sortie : l'expérience d'une souffrance associée à un plaisir.
L'anorexique-boulimique paraît singer, de façon répétitive, ce qu'elle a
ressenti comme de "grandes bouffes", suivies de longues abstinences.
On peut penser que nombre de cas de prématuration sont dus au fait que l'enfant
fait le nécessaire pour quitter un endroit rendu inhospitalier et que les
obèses ne prennent autant de place que pour démontrer que la leur a été violée
de façon répétitive au début de leur existence.
Laurence Pernoud[2] reconnaît que nous ne connaissons pas les conséquences du coït sur le fœtus. Certains, dont Françoise Dolto, mettent en avant un effet positif de l'orgasme, voire des hormones du plaisir. Cependant, tant que l'absence d'éventuels effets négatifs n'a pas été démontrée scientifiquement, les mamans enceintes seront prudentes de se contenter de l'orgasme clitoridien, seul compréhensible par le fœtus compte tenu de sa pratique personnelle. Si la mère est frigide en particulier, le fœtus subit le coït comme elle, sans effet positif, voire avec des effets négatifs. Le fœtus est le témoin obligé de la vie sexuelle de ses parents, il ne doit pas en être la victime. Pendant la grossesse, les parents prudents se contenteront de l'accompagner dans son autosexualité sans prendre le risque de lui en enseigner davantage. Car nombreux semblent percevoir le coït comme un dérangement insupportable dont l'individu souffrira toute son existence.
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